MATRYOSHKA

…”Tous les objets nécessaires dans une maison doivent être intégrés aux espaces utilisables ; par conséquent, on ne devrait plus les appeler des meubles, mais plutôt des équipements.”

Joe Colombo, 1970

Un nouveau projet résidentiel de Marcante et Testa à l’intérieur de l’ancien espace industriel Ceat à Turin se mesure à la surface réduite, de seulement 40 mètres carrés, et à l’essentiel du volume conteneur : un simple parallélépipède étroit et long. C’est l’occasion de nouveau de se confronter à un contexte post-industriel et de réfléchir aux spécificités et aux qualités des espaces architecturaux, développant une narration qui représente une architecture à l’intérieur de l’autre, multiple. Une articulation d’espaces et d’environnements internes qui se déploient comme un paysage extérieur : un déroulement de lieux et de moments de la vie quotidienne.

L’espace étroit et long est ainsi organisé à travers une séquence de “modules vitaux” éversés vers les zones adjacentes, à l’intérieur desquels on cuisine, on mange, on dort, on se lave, on fait l’amour, on joue. Une sorte de module d’habitation minimal où, selon les activités et les formes différentes assumées, les matériaux utilisés et leurs qualités sensorielles changent. Ainsi, les traitements du bois se modifient de la chambre à la salle de bains jusqu’à la cuisine ; les marbres entrent en scène suspendus ou sont maintenus un peu cachés comme des personnages abstraits d’une comédie humaine, et les surfaces noires laquées ou en Corian, comme des silhouettes d’ombres chinoises, tiennent ensemble les pièces du récit en dialoguant, à travers leurs géométries rigides au goût graphique vague, avec le décor du papier peint sur les murs environnants.

D’un programme strictement fonctionnaliste découle finalement une déclinaison toute émotionnelle de l’habitation. Un transformisme performant est demandé aux matériaux insérés dans l’espace, de sorte que les rideaux sérigraphiés se transforment en stratifiés qui recouvrent un meuble, qui devient une architecture autonome, un équipement à la morphologie changeante où les fonctions sont exprimées de manière inhabituelle. L’espace semble encore, mais peut-être peu, dominé par la raison.

Entre-temps, l’agneau a déjà conquis la table, Mickey Mouse est solidement ancré au banc, la plante a repris possession de la terre et la trottinette est prête à “éclairer” le récit de ce petit loft habité par un jeune entrepreneur, dans une course libératrice.

“Tous les espaces visent à donner à l’homme qui habite un espace limité, une sensation de liberté de confort complet, à la fois physique et psychologique, de repos et d’intimité….”

Joe Colombo

 

“Jusqu’ici, notre concept d’espace a été associé à la boîte. On se rend cependant compte que les caractéristiques formatrices de l’espace-boîte sont indépendantes de l’épaisseur des parois de la boîte. Ne serait-il donc pas possible de réduire cette épaisseur à zéro, sans que cela n’entraîne la perte de l’espace ? Cette transition, au limit, semble évidente : un espace sans boîte, autonome. Cette idée peut être formulée de manière radicale : si la matière devait disparaître, il resterait toujours l’espace et le temps, comme un continuum inséparable… une autre idée s’est donc imposée : l’événement localisé non seulement dans le temps, mais aussi dans l’espace.”

Albert Einstein, “On the General and Special Theory of Relativity”

 

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Projet d’Andrea Marcante – Adelaide Testa

Collaborateurs : Francesca Diano

Photographe : Carola Ripamonti